Qu'ils soient pédonculés, sessiles, pubescents ou rouges, les chênes sont en général des arbres imposants, capables d'atteindre entre 25 et 35 m de hauteur. En fonction de s'il s'agit d'un arbre isolé ou d'une plantation forestière, ainsi que de l'usage envisagé (ornemental ou production de bois), un chêne sera conduit de diverses manières : port libre ou semi-libre, taillis, ou encore en topiaire…
Voici comment tailler un chêne de manière optimale, pour encourager sa croissance et sa longévité.
Zoom sur l'élagage des chênes
Le chêne est un arbre doté d'une longévité exceptionnelle : il peut vivre au moins 500 ans, et parfois jusqu'à 1 000 ans ou plus. Cependant, pour qu'un arbre atteigne de tels âges vénérables, il est crucial d'éviter de le stresser en modifiant sa conduite ou en altérant son environnement.
Les différentes façons d'élaguer un chêne
Il existe plusieurs méthodes pour conduire un chêne.
- Le port libre est celui nécessitant le moins d'entretien : l'arbre, planté isolément ou au sein d'une haie, se développe librement dans toutes les directions.
- La conduite semi-libre, qui requiert également peu d'entretien, consiste à élever progressivement le houppier au fur et à mesure de la croissance pour dégager l'espace au pied de l'arbre.
Remarque : on taille également les branches inférieures des arbres forestiers pour prévenir la formation de gros nœuds nuisant à la qualité du bois ; l'élagage correct d'un chêne planté pour l'ornement peut, par la suite, intéresser l'industrie du bois.
- L'arbre en têtard : ce mode d'élagage, pratiqué encore dans les campagnes traditionnelles, permettait autrefois d'obtenir régulièrement du petit bois.
- Le taillis : cette méthode de conduite d'un chêne permet de récolter du bois de chauffage et de profiter des champignons à son pied sans que l'arbre atteigne des tailles imposantes ; le taillis est couramment pratiqué dans les forêts mixtes, comme la forêt landaise, où la futaie de pins maritimes coexiste avec quelques chênes.
À savoir : la cépage, forme dérivée du taillis, consiste en 3 à 5 troncs de taille similaire émergeant d'une même souche pour former un groupe ornemental.
- La taille en topiaire : cela implique une coupe en forme de pyramide ou une taille en rideau, parfois appliquée aux chênes verts.
Quel entretien ?
Pour préserver la santé de l'arbre, décidez le plus tôt possible de la conduite que vous souhaitez adopter.
- Étant un arbre bien compartimenté, le chêne peut supporter la coupe de grosses branches (jusqu'à 10 cm de diamètre).
- Il n'est pas nécessaire de l'éclaircir pour réduire sa prise au vent, car son bois dur empêche la progression rapide de la pourriture, limitant ainsi les risques de casse : les branches cariées restent plus solides que celles d'un tilleul par exemple, et un arbre à tronc creux peut continuer à vivre de nombreuses années sans danger pour les passants.
L'entretien du chêne consiste donc principalement à maintenir la conduite choisie.
Option 1 : Conduisez un chêne en port libre ou semi-libre
La gestion d'un chêne en port libre ou semi-libre suit les principes de la taille douce.
Tant que le chêne est jeune
Le jeune chêne présente une silhouette fléchée de type pyramidal.
- Appliquez-lui une taille de formation.
Remarque : les chênes pédonculés, sessiles, pubescents, verts et rouges montrent souvent une fourche (deux flèches concurrentes), qui disparaît généralement d'elle-même après 1 à 2 ans ; si elle persiste, taillez l'un des rameaux pour rétablir une flèche unique.
- Assurez-vous que les charpentières sont bien réparties autour de l'arbre et élevez progressivement le houppier en conservant un tiers de tronc pour deux tiers de couronne.
Remarque : cette élévation du houppier n'est pas obligatoire si l'arbre se situe au milieu d'une prairie.
Dès que la cime s'arrondit, passez à une taille d'entretien :
- supprimez les gourmands sur le tronc et à la base des charpentières ;
- retirez les bois morts et les branches dont l'état se dégrade ;
- enlevez les branches mal placées qui se croisent ou celles en surnombre par une taille d'éclaircie ;
- retirez les drageons et rejets sur le porte-greffe si nécessaire ;
- recoupez soigneusement les branches cassées ou blessées, ainsi que les chicots.
Remarque : les chicots (restes de branches mortes) peuvent être conservés pour abriter des oiseaux cavernicoles.
Lorsque le chêne est âgé
La gestion d'un chêne âgé suit les principes de la taille d'accompagnement.
Avec l'âge, l'arbre atteint son volume maximal, et sa couronne a tendance à diminuer, entraînant la production de bois morts en périphérie. Le chêne entre alors dans sa dernière phase de vie, mais cette période peut encore s'étendre sur plusieurs dizaines d'années.
- Si l'arbre est fragilisé par une charpentière cassée, des travaux au sol, une période de sécheresse, etc., des gourmands peuvent surgir vigoureusement et tenter de recréer une couronne :
- préservez une bonne part de ces repousses et réduisez simplement les extrémités des branches en coupant juste après un gourmand ;
- retirez les bois morts et les branches qui commencent à dépérir ;
- enlevez les drageons (issus des racines) et les rejets (qui émergent de grosses plaies de taille et consomment la sève) ;
- ôtez les pousses nées sur le porte-greffe si nécessaire.
- Si l'arbre est dans sa phase de déclin, toute taille peut l'affaiblir en l'obligeant à cicatriser ses blessures : mettez simplement en place des barrières pour minimiser les risques de chute de branches sur les passants.
Option 2 : Formez un chêne en têtard
Les espèces comme le chêne pédonculé, le chêne pubescent, et le chêne liège peuvent être taillées en têtards et autres formes dérivées pour réduire leur volume.
Quand former le chêne ?
C'est à un jeune âge qu'un chêne doit être formé en têtard.
Il s'agit donc de ne pas étêter et de couper les charpentières d'un arbre adulte : un tel acte le condamne à pourrir rapidement, alors qu'un têtard peut vivre plusieurs siècles.
Comment le tailler en têtard ?
Une fois que l'arbre a atteint la hauteur de tronc souhaitée, toutes ses branches doivent être coupées, par intervalles réguliers de 3, 4, 5 ou 6 ans, au ras des bourrelets cicatriciels.
À savoir : autrefois, dans les campagnes, la périodicité était souvent de 9 ans, correspondant à un bail de ferme ; cependant, la taille était souvent traumatisante pour l'arbre à cause de l'épaisseur des rameaux.
- Lorsque le tronc a atteint la taille voulue, coupez la flèche ainsi que toutes les branches inclinées ; le diamètre des coupes ne devrait pas excéder 3 cm.
- Après 2 ou 3 ans, retirez tous les rejets au même niveau que précédemment.
- Par la suite, adoptez un rythme de taille tous les 3 à 6 ans.
Ces opérations créent des bourrelets le long du tronc.
Remarque : les arbres d'émonde sont formés de la même manière que les têtards, sauf que la flèche n'est pas touchée, et que le sommet de l'arbre se développe en forme libre ; la taille en marotte ou tête de saule permet d'étendre la couronne et de constituer plusieurs cimes.
Option 3 : Taillez des chênes en taillis ou en cépée
Le regain d'intérêt pour le bois énergie incite à revaloriser les taillis. Cette conduite, simple à mettre en œuvre, favorise la production de petits bois dédiés au chauffage, à la fabrication de piquets ou à d'autres usages.
Quand tailler ?
Les chênes sont conduits en taillis lorsque le sol n'est pas propice à une futaie élevée ou lorsque plusieurs espèces coexistent.
Les troncs doivent être régulièrement coupés au ras de la souche :
- tous les 25 à 35 ans pour les chênes sessiles et pédonculés,
- tous les 30 à 45 ans pour les chênes pubescents.
Comment conduire des chênes en taillis ?
Tailler des chênes en taillis demandera peu d'investissement car il n'y a ni dessouchage, ni replantation. Cependant, cette pratique peut mener à l'épuisement du sol si du bois mort n'est pas conservé après chaque coupe. Ainsi :
- Laissez 20 m³ à l'hectare de rémanents pour renouveler correctement la litière.
- Coupez les perches au ras de la souche durant la période hors sève.
- Déposez des branchages sur les souches pour éviter que les cervidés ne les broutent.
Les taillis contenant plus de 60 tiges d'avenir par hectare peuvent être transformés en futaie de chênes pour une meilleure valorisation de la forêt.
À savoir : une tige d'avenir est une perche qui domine les autres de la cépée, qui est droite, vigoureuse, et présente peu de défauts, avec un âge compris entre 15 et 20 ans.
Comment conduire en cépée ?
En plantation ornementale, la cépée de chêne consiste à laisser 3 à 4 troncs émerger d'une souche dont le tronc d'origine a été coupé intentionnellement ou suite à un incident.