Art topiaire

Sommaire

Tailler des arbustes en mars Thinkstock

Les sculptures végétales font la renommée des jardins à la française à travers le monde.

Plus connue sous le nom d’art topiaire, cette technique de taille à des fins décoratives est à la portée de tout jardinier désireux de donner à son jardin d’ornement un aspect féerique, zen, ludique ou royal ! Faisons le point.

Art topiaire : de quoi s’agit-il ?

Dans l’Antiquité, Grecs et Romains pratiquaient déjà l’art topiaire. La pratique est tombée dans l’oubli avant d’inspirer les jardiniers italiens de la Renaissance avant que l’art topiaire ne connaisse son âge d’or en France avec les œuvres de Lenôtre et Mansart dans le parc du château de Versailles aux XVIIe et XVIIIe siècles, consacrant le modèle des jardins à la Française.

L’art topiaire désigne la taille d’arbres et d’arbustes dans un but décoratif et consiste en la sculpture de végétaux.

Différentes formes existent au sein de l’art topiaire : boules, cubes, cônes, pyramides, spirales… À chaque jardinier à l’âme d’artiste de composer ses propres créations en fonction de son inspiration.

Quels végétaux choisir pour faire de l'art topiaire ?

Tous les arbustes ne se prêtent pas à la pratique de l’art topiaire. L’arbuste doit :

  • Posséder un feuillage dense.
  • Être sempervirent (c’est-à-dire à feuillage persistant).
  • Avoir un port compact.

Le buis reste l’espèce d’arbuste la plus couramment utilisée dans l’art topiaire :

  • Son feuillage brillant et dense se prête particulièrement à la réalisation de formes variées.
  • Il doit être taillé régulièrement pour entretenir sa forme sculptée.
  • Toutefois, sa croissance lente exige une maîtrise du geste sous prétexte de devoir patienter plusieurs mois avant que le sujet ne se prête à de nouvelles créations.

Sachez que la Pyrale du buis sévit ! Arrivée accidentellement en France en 2008, la Pyrale du buis, Cydalima perspectalis, petite chenille verte striée de noir, cause des ravages à ce jour très difficiles à limiter.

Les larves colonisent les buis et se nourrissent de feuilles, entraînant le dépérissement du pied. Tous les départements sont désormais touchés.

Bon à savoir : plusieurs traitements (l’un bio, l’autre 100 % chimique) existent, ainsi qu’un piège à papillons, pour lutter contre ce fléau que les pépiniéristes et jardiniers professionnels ont bien du mal à endiguer. De nombreux jardins d’exception ont déjà été ravagés par la Pyrale du buis, anéantissant des années d’art topiaire et des hectares de végétation.

Pour ne pas voir vos créations artistiques réduites à des tiges asphyxiées en quelques jours, optez pour des espèces préservées de ces parasites, comme l’if, le chèvrefeuille ou le laurier par exemple :

  • Troènes et thuyas sont fréquemment employés pour s’entraîner sur des espèces à pousse plus rapide et donc limiter les erreurs.
  • Certains conifères, dont l’if, très prisé, se prête à merveille à l'art topiaire. Les formes seront le plus souvent géométriques, en pyramides inversées ou spirales, selon la silhouette naturelle de l’arbre.
  • Le chèvrefeuille nain, et plus particulièrement l’espèce Lonicera nitida est fréquemment employée. La pousse plus aléatoire et diffuse demande un entretien régulier.
  • Le laurier et l’oranger, le plus souvent taillés en boule et cultivés en bac, ont ainsi fait le prestige de l’ornement des allées du potager du Roi à Versailles.

Art topiaire : quelles formes et avec quels outils ?

Cônes, spirales, cubes, poissons, lapins, chevaliers, château fort, voiture de sport… les possibilités de réalisations en art topiaire sont innombrables.

Pour vous inspirer et débuter dans la pratique, quelques accessoires sont incontournables. Vous trouverez dans le commerce :

  • Le guide tuteur boule : un arceau souple est fixé au tuteur, planté au centre du pied, pour guider la coupe du buis. Comptez une dizaine d’euros pour le tuteur guide.
  • Les formes toutes faites : les jardineries et sites Internet spécialisés proposent des silhouettes grillagées à installer autour du jeune plant afin de guider sa croissance et accompagner le geste du jardinier lors des coupes. Comptez 12 € pour la petite boule grillagée et 150 €, voire davantage, pour des formes plus élaborées et de très grand format.

Vous pouvez fabriquer du fait maison :

  • Un rouleau de grillage à poules, souple et malléable, peut-être utile pour créer un modèle unique.
  • Pour les formes géométriques (pyramide, balustre, cône, boule…), découpez dans un carton ou une planche de contreplaqué la moitié de la silhouette. Les contours de la forme n’auront plus qu’à être reproduits à la coupe de l’arbuste, en tournant autour de celui-ci.

Bon à savoir : la taille d’un topiaire débute toujours par le haut de la plante, puis le centre et enfin le bas du sujet. D’autre part, il est plus facile pour un jardinier débutant en art topiaire de réaliser des formes courbes que des formes anguleuses, quelles que soient les espèces choisies.

De la forme souhaitée dépendra le matériel à utiliser. Pour réaliser de l’art topiaire, les outils les plus utiles sont :

  • Une cisaille pour la forme générale.
  • Un sécateur à main pour les finitions (notamment si la forme souhaitée induit des difficultés stylistiques).
  • Un ciseau à gazon pour les menus détails et / ou les feuillages très fins ou les petits sujets.

Saisons les plus propices à l’art topiaire

Le printemps structure, l’automne assure :

  • Comme pour tous les arbustes, les tailles les plus sévères, et dans le cas de l’art topiaire, les plus structurantes, seront réalisées au printemps et à l’automne (début mai - début octobre).
  • La taille de printemps sert à structurer l’architecture de la sculpture tandis que la taille d’automne assure son entretien.
  • Entre ces deux périodes de taille, il reste possible de couper les imperfections environ quatre fois dans l’année. Au-delà de 6 coupes annuelles, la plante, blessée, pourrait perdre de sa densité et de son architecture initiale.

À noter : ne taillez jamais un arbre sous un soleil brûlant ou lors des gelées.

Combien coûte la pratique de l’art topiaire ?

Bien que l’art topiaire soit l’apanage des jardins royaux, entretenir certains arbustes grâce à cette technique est possible pour un investissement raisonnable :

  • Un pied de buis ou un jeune if à l’état « brut », c’est-à-dire non taillé, revient à une dizaine d’euros.
  • Des sujets déjà taillés selon les principes de l’art topiaire et donc plus âgés varieront d’une cinquantaine d’euros à parfois 200 € selon les modèles sculptés.

Pour en savoir plus :

Ces pros peuvent vous aider