Comment tailler un conifère

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Les conifères sont généralement des arbres ou des arbustes persistants, souvent résineux, avec des feuilles réduites à des aiguilles (pins, cèdres, sapins, épicéas, genévriers…) ou des écailles (thuyas, cyprès, faux-cyprès, genévriers…), et des fruits coniques ou parfois charnus (if, Cephalotaxus). Ils présentent des silhouettes très diverses auxquelles la taille doit s'adapter.

Voici comment tailler un conifère.

Zoom sur la taille des conifères

Les différentes silhouettes de conifères

On distingue :

  • les conifères de haut jet à silhouette dressée, conique ou pyramidale, qui demandent ou non un élagage des branches basses ;
  • les conifères âgés à la cime aplatie ayant quasiment fini de grandir en hauteur, qui peuvent exiger une éclaircie du houppier pour limiter la portance au vent, à la neige ou pour alléger la ramure ;
  • les conifères destinés à former des haies qui demandent une taille régulière des pousses pour rester compacts et garnis depuis le pied ;
  • les conifères à silhouettes particulières (pleureuse, naine, évasée, « monstrueuse »…) qui requièrent un entretien réduit ;
  • les conifères à qui l'on souhaite donner une forme particulière en boule, en topiaire, en nuage…

La taille des conifères

Le conifère a beaucoup de mal à reformer une flèche lorsque celle-ci est endommagée. On peut l'aider en redressant un rameau sous-jacent lorsque l'arbre est encore jeune. Sinon, l'arbre meurt ou forme 2 têtes, comme chez le cèdre. Cette deuxième option est dommageable à terme car les risques de casse avec le vent sont accrus. Chez le séquoia toujours vert, des rejets de souche tendent à remplacer le sujet. Chez les séquoias en voie de sénescence, on peut observer une branche latérale qui se redresse (photo).

Les conifères, à l'exception des ifs, des séquoias toujours verts ou du Wollemia, ont plus de mal à repercer sur du bois ancien que les feuillus, ce qui explique qu'il soit très difficile de rajeunir une haie de conifères. Les rejets qui succèdent à une coupe importante sont assez rares.

Les pins compartimentent bien, c'est-à-dire qu'ils sont capables d'établir des barrières chimiques et physicochimiques autour d'une plaie pour limiter l'entrée d'agents pathogènes. Cela signifie que l'on peut exécuter des plaies de taille jusqu'à 10 cm de diamètre, du moins chez le pin parasol et le cèdre, sans trop de souci pour la cicatrisation.

Bon à savoir : la plupart des conifères produisent de la résine, une substance collante visqueuse émise pour se défendre après une grosse taille ou une attaque parasitaire, qui endommage les lames de coupe. Leur aptitude à émettre cette substance défensive contre les champignons retarde d'autant plus la chute des branches basses. L'élagage naturel de ces dernières est très lent, parfois même inexistant chez l'épicéa commun et de Sitka, le pin de Weymouth (Pinus strobus), le sapin de Vancouver (Abies grandis), le sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii).

Quand tailler ?

La période de taille des conifères se situe en juin-juillet pour une cicatrisation rapide, voire en hiver. Évitez la période de montée de sève qui engendre beaucoup d'écoulement de résine affaiblissante pour l'arbre et nuisant au matériel.

La taille des haies de conifères qui se limite à pincer les pousses s'exécutent au printemps puis fin août-septembre.

Important : la période de mai à août est déconseillée si la pyrale (Dioryctria sylvestrella) sévit sur le pin maritime. Opérez dans ce cas en automne-hiver.

Cas 1 : taillez des conifères de haut jet à silhouette dressée

Les sapins, épicéas, thuyas, jeunes pins ou cèdres adoptent une forme pyramidale, tout au moins dans leur jeune âge, qui permet à l'arbre de grandir en hauteur. Conserver la flèche est indispensable pour permettre la croissance en hauteur de l'arbre. Si elle casse, il est encore possible de la remplacer sur de jeunes arbres en redressant une branche vigoureuse située à proximité de la cime, maintenue par un lien à un onglet. En sylviculture, ces arbres sont éliminés lors des éclaircies. Si la flèche se dédouble alors que la hauteur de tronc n'est pas suffisante, supprimez l'une des branches.

Certaines espèces dites basitones maintiennent leurs branches basses qui marcottent autour du tronc puis se redressent pour former de nouveaux troncs (thuya géant, séquoia géant, cryptomère du Japon), d'autres sont capables de rejeter comme le pin de Wollemi ou le séquoia toujours vert.

Selon la place dont vous disposez autour, vous pouvez soit :

  • laisser les branches basses marcotter ou les éventuels rejets pour former un mini-bosquet ;
  • ou élaguer afin de dégager la base du tronc et faciliter la circulation des usagers tout autour. Cette action permet aussi d'obtenir un fût sans nœud intéressant pour une exploitation future de la grume. Laissez toujours au moins 3-4 étages de branches intactes au sommet. Ôtez seulement un étage de branches vivantes par an.

Bon à savoir : les jeunes conifères comme les jeunes feuillus passent quasiment tous par un stade pyramidal où la flèche est dominante. La taille consiste à rectifier la forme si la flèche venait à fourcher ou à casser, à supprimer les branches redressées anormalement ou qui se croisent de façon trop rapprochée et les bois morts.

Cas 2 : taillez des conifères âgés à la cime aplatie

Lorsqu'ils ont atteint un stade mature, certains conifères, particulièrement les pins ou les cèdres, ont la couronne qui s'arrondit voire s'aplatit au sommet car la partie terminale du tronc se courbe à l'horizontale. L'arbre produit alors des ramifications de plus en plus faibles qui tendent à opacifier la couronne. Ces arbres n'ont généralement plus besoin de taille, cependant on peut être amené à éclaircir la couronne pour :

  • diminuer la portance au vent ;
  • diminuer l'ombrage au sol ou sur les façades ;
  • réduire la chute de branches ;
  • ôter les branches mortes, atteintes par le chancre, malades ou de faible vigueur.

Bon à savoir : le volume de branches enlevées est souvent important, mais il ne doit en aucun cas dépasser le tiers du volume du houppier. Des études ont montré que les réserves de l'arbre sont stockées l'hiver essentiellement dans les vieilles aiguilles chez les pins, épicéas, séquoias géants et ifs. Un élagage trop important peut alors affecter la croissance des nouvelles pousses au printemps.

Procédez de la façon suivante :

  • Commencez par ôter toutes les branches moribondes et celles qui « encombrent » la base des charpentières et sous-charpentières de façon à bien distinguer leur silhouette.
  • Puis créez des « fenêtres » dans la couronne pour favoriser la pénétration du vent ou de la lumière. Vous pouvez couper des branchages jusqu'à 10 cm de section, du moins chez le pin. Effectuez la coupe au départ d'une branche, sans blesser l'écorce de la branche porteuse, ou en dédoublant une branche dont la partie conservée servira de tire-sève par une taille en biais. 

Cas 3 : taillez les conifères destinés à former des haies

La croissance rapide des conifères jusqu'à 50-80 cm par an, leur résistance à la sécheresse et leur végétation fournie incite à les utiliser en tant que plantes de haies. Cependant les conifères n'ont pas que des avantages :

  • Leur utilisation à outrance a généré des maladies graves.
  • Leur vigueur est parfois difficile à maîtriser.
  • Le mélange dans la haie avec des feuillus est difficile, voire impossible.

Leur taille est souvent nécessaire 2 fois par an, au printemps et en fin d'été (fin août-septembre).

Les principales essences utilisées car produites en grandes quantités et donc à prix modéré et à reprise facile sont : le cyprès de Leyland ('Cast Gold' à feuillage doré), le Thuja plicata 'Atrovirens', le cyprès de Lawson, le thuya occidental ou oriental, l'if.

Cas 4 : taillez des conifères à silhouettes particulières : pleureuse, naine, évasée…

Ces cultivars ont été créés pour l'originalité de leur forme (et parfois de leur couleur), aussi il convient d'intervenir le moins possible pour qu'elle puisse s'exprimer. Cependant, il faut s'attendre à ce que les sujets âgés perdent leur valeur esthétique, qu'ils se dégarnissent du pied, qu'ils croulent sous le poids des branches, deviennent surdimensionnés par rapport à l'espace (c'est souvent le cas des conifères nains plantés en rocaille), émettent des pousses désordonnées…

Il est toujours possible de guider la silhouette, notamment des formes pleureuses, à l'instar du cèdre pleureur (Cedrus atlantica 'Glauca Pendula'). Il faut s'y prendre assez tôt afin de pouvoir diriger les branches et en supprimer quelques unes par des coupes de faible diamètre (3 cm maximum) :

  • Coupez les branches basses du tronc tous les ans de façon à élever la ramure le plus haut possible si vous voulez pouvoir circuler dessous.
  • Étayez les branches encore souples pour les faire reposer sur une tonnelle ou autre.
  • Supprimez les branches gênantes sans laisser de chicots.

Bon à savoir : l'arbre à l'origine de cette mutation se situe à l'arboretum de la Vallée-aux-Loups (Hauts-de-Seine). Il est âgé de 150 ans et mesure 14 mètres de long avec une ramure qui couvre 700 m².

Cas 5 : taillez des conifères en boule, topiaire ou nuage

Ces conduites particulières s'appliquent souvent sur les pins, les ifs et les genévriers. Elles ont pour effet de modifier la silhouette de l'arbre ou de l'arbuste. Une fois la structure obtenue, l'entretien consiste à maintenir la silhouette par des tailles courtes régulières des pousses de l'année.

  • Utilisez la technique de la taille en nuage.
  • Ou employez la technique de la taille en boule ou en cône, qui est la même que pour celle du buis. Elle se fait 2 à 3 fois par an, aux ciseaux à buis ou ciseaux à bonsaï, avec l'aide d'un gabarit si nécessaire.

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