Émonder un arbre

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Elagage sécurisé

L'acte d'émonder un arbre revêt des significations variées en fonction des pratiques agricoles, urbaines ou forestières :

  • Dans le domaine forestier, l'émondage d'un arbre consiste à éliminer les gourmands sur le tronc, souvent générés par une taille d'élagage trop tardive ou excessive. Cette dernière, qui a pour but de nettoyer progressivement le tronc de ses branches basses, contribue à créer un fût de bois de qualité sans nœuds.
  • Dans les campagnes bocagères, l'émondage des arbres séparant les champs se réalisait fréquemment pour favoriser l'apparition de gourmands. La taille s'effectuait systématiquement au même endroit, ce qui entraînait une épaississement du bois et la formation de renflements cicatriciels, appelés « têtes de saule » ou « têtes de chat ». Cette technique visait à récolter les repousses de manière cyclique pour la production de bois, de fourrage ou d'osier sur des arbres tels que les saules, peupliers, charmes, frênes, chênes et ormes. Ces arbres aux formes courtes et difformes, dont on peut encore observer des spécimens en Normandie notamment, sont désignés sous le nom d'arbres têtards.
  • Dans le milieu urbain, la conduite des arbres en têtes de saule, têtes de chat ou marottes a été courante au début du XIXe siècle en France, dans les villes qui employaient des travailleurs issus des campagnes. On laissait croître l'arbre jusqu'à une certaine hauteur pour ne pas entraver la circulation puis, on rabattait la flèche et les charpentières environ tous les 3 ans à la même hauteur, favorisant ainsi la formation des « têtes de saule » ou « têtes de chat ».

Voici les différentes méthodes pour émonder un arbre.

Cas 1 : Émonder un arbre forestier

Les gourmands se distinguent des branches en raison de leur écorce jeune, différente de celle du tronc, ainsi que de leur empattement à la base (absence de renflement sous le rameau correspondant au col).

Les facteurs favorisant l'apparition des gourmands le long du tronc peuvent inclure :

  • l'élagage effectué en hiver plutôt qu'en été (juin-juillet) ;
  • la suppression d'un nombre excessif de branches lors de l'élagage du tronc ;
  • la suppression de branches d'un diamètre supérieur à 3 cm le long du tronc ;
  • la suppression des branches basses sur un arbre encore jeune ;
  • le cultivar, particulièrement chez les peupliers (les hybrides interaméricains et le clone 'I.45-51' montrent cette tendance à produire des gourmands).

L'émondage doit s'effectuer dès l'apparition des gourmands afin de préserver les bénéfices de l'élagage.

  • Coupez le gourmand à sa base en préservant la ride du tronc, à l'aide d'une scie, d'un sécateur ou d'un échenilloir selon sa hauteur.
  • Réalisez une taille avec un angle de coupe parallèle au tronc ou à la branche.
  • Comme l'insertion du gourmand est superficielle, il est parfois possible de l'arracher en tirant dessus.
Couper une branche Consulter la fiche pratique Quand élaguer ? Lire l'article

Cas 2 : Émonder un arbre têtard de campagne

Les arbres têtards sont des arbres auxquels on a sectionné la tête à environ 2 m de hauteur, parfois moins, dont on exploite les rejets de manière cyclique. La hauteur de 2 m évite que les animaux ne broutent les nouvelles pousses.

La suppression de la flèche s'effectue en hiver lorsque le baliveau (jeune arbre fléché, droit et vigoureux) présente une circonférence de 8 à 15 cm à 1,30 m du sol. Le printemps suivant, seules les repousses les plus proches de la coupe sont conservées.

Commencez l'émondage ou bûchage au bout de 5 ans qui suivent, entre la mi-décembre et la mi-février.

  • Coupez toutes les branches au niveau de la première coupe en veillant :
    • à ne pas abîmer la « tête », car cela complique la cicatrisation ;
    • à ne pas couper trop près de la tête car cela entraîne la formation de chicots (bois morts), rendant la cicatrisation difficile.
  • Effectuez les émondages suivants tous les 8 à 15 ans. Cette fréquence doit être ajustée en fonction de la vigueur de l'arbre et de l'usage que vous faites de ce bois. Par exemple, les saules destinés à produire des brins fins pour la vannerie sont émondés chaque année.

Pour les vieux chênes conduits en têtards, conservez une des repousses pour aider l'arbre à se régénérer. Ce tire-sève sera supprimé l'hiver suivant afin de préserver l'équilibre de l'arbre.

Remarque : les arbres têtards, aussi appelés « trognes », ont tendance à vivre moins longtemps que les arbres de plein-vent en raison du stress induit par ce traitement, et les plaies mal cicatrisées peuvent créer des cavités dans le tronc. Toutefois, ils jouent un rôle crucial dans la biodiversité, servant d'habitat pour de nombreux animaux qui nichent dans les arbres creux (chouettes, écureuils, martres…), une situation largement encouragée par les écologues. Le Centre Européen des Trognes situé à Boursay dans le Loir-et-Cher est un des mouvements qui œuvre pour la préservation des arbres têtards.

Arbre têtard Lire l'article

Cas 3 : Émonder un arbre urbain

L'émondage s'applique aux arbres urbains réalisés selon une taille architecturée en tête de chat ou en marotte. Ce processus est effectué manuellement tous les 3 ans et nécessite donc beaucoup de temps et de main-d'œuvre. Cependant, l'avantage de cette méthode est de pouvoir tailler les arbres à faible hauteur en utilisant une échelle ou une nacelle.

Cette conduite en tête de saule, souvent perçue comme mutilante pour l'arbre, revient parfois à la mode. Cependant, dans leur majorité, les gestionnaires urbains cherchent à transformer ces formes en rideau ou en port semi-libre, suivant les principes de la taille douce, qui demande moins de temps et de main-d'œuvre.

Marotte Lire l'article Taille douce des arbres Lire l'article

Le terme « émondage » est également utilisé pour désigner la suppression des gourmands sur le tronc, souvent observée chez les vieux arbres (voir l'émondage des arbres forestiers).

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