
Le poirier appartient à la famille des arbres fruitiers à pépins. Il peut se tailler de la même manière que le pommier. Les opérations de taille concernent 3 phases de la vie du poirier.
Cette fiche vous apporte tous les conseils nécessaires pour savoir comment tailler un poirier une fois que la taille de forme est réalisée pour booster la production de poires dans votre jardin.
Zoom sur la taille d'un poirier
Les opérations de taille concernent 3 phases de la vie du poirier.
La taille de formation
Elle donne la forme générale des arbres.
- En gobelet : les troncs rabattus assez courts des poiriers supportent 3 à 5 grosses branches formant une coupe.
- En fuseau : le fuseau réclame souvent très peu de taille car il suit la forme naturelle de la variété.
- En haute ou demi-tige qui sont des formes libres de plein vent : elles ne sont pas taillées, seulement débarrassées des branches qui se croisent, malades ou qui empêchent la lumière de pénétrer jusqu'aux poires.
- Palissée contre un mur ou le long de fils : nécessité d'un porte-greffe de faible vigueur.
- En axe libre : sur un porte-greffe de faible vigueur, le tronc muni de sa flèche porte les branches fruitières qui sont renouvelées.
La taille de fructification
Elle comprend l'entretien général de l'arbre ainsi que des actions spécifiques liées au choix d'une conduite courte ou longue de ses branches.
Trois types de taille peuvent être appliqués sur le poirier en fonction de sa forme :
- la taille trigemme pratiquée notamment sur les formes palissées et les gobelets de variétés à port assez rigide ;
- la taille en vert pratiquée en été pour compléter la taille hivernale ;
- la taille longue des branches fruitières pratiquée sur les gobelets des variétés à port souple et les axes libres.
La taille de rajeunissement
La taille de rajeunissement est appliquée aux vieux sujets qui peinent à fructifier ou ne donnent que des poires de petite taille.
Taille de rajeunissement pour un arbre fruitier Consulter la fiche pratique1. Préparez votre poirier à la taille pour faire fructifier les poiriers
Utilisez un sécateur bien aiguisé, désinfecté entre chaque changement d'arbre, et réalisez des coupes en biais. Pour cela :
- Enlevez le branchage mort ou abîmé.
- Supprimez les rameaux tournés vers le centre de l'arbre ou qui se croisent. Gardez le plus vigoureux des deux ou le moins abîmé.
- Si plusieurs branches partent d'une même zone, ne conservez que la plus inclinée.
- Retirez les gourmands qui concurrencent les charpentières.
- Sur gobelet, double U et palmette, égalisez la longueur des branches principales afin qu'elles conservent la même vigueur. Sur les cordons, laissez 20-25 cm de pousse. Lorsque vous atteignez la hauteur ou longueur maximale voulue (2,50 m généralement), faites une coupe plus bas en laissant un prolongement de chaque charpentière puis agissez comme précédemment sur ce prolongement.
Note : pour encourager une croissance bien droite de la charpentière, taillez à quelques millimètres un bourgeon à bois pointant vers l'extérieur. Les branches latérales seront ainsi mieux alimentées en sève. Pour une forme palissée, coupez à quelques millimètres des boutons orientés dans le sens opposé du rameau (si le rameau va vers la droite, coupez au-dessus d’un œil qui part vers la gauche...).
- Ôtez tous les fruits momifiés victimes de moniliose.
2. Réalisez une taille trigemme sur votre poirier palissé ou en gobelet
Zoom sur la taille trigemme
La taille trigemme est une taille courte à effectuer tous les ans, en décembre-janvier, avant celle des pommiers qui fleurissent plus tardivement.
Cette taille n'est pas systématique. Il est donc nécessaire de bien observer le type de bourgeons de votre poirier pour garder suffisamment de boutons.
Pour réaliser une taille trigemme, faites une coupe en biais après les 3 premiers bourgeons de chaque rameau en vue de leur transformation en coursonne.
Définition : la coursonne est la ramification d'une branche portant des organes fructifères et végétatifs. Elle est productive durant plusieurs années.
L'évolution de ces 3 bourgeons diffère souvent en fonction de leur emplacement dans l'arbre. Le but est d'amener ces yeux à se transformer en dards puis en bourgeons à fleurs.
Définition : les dards sont des rameaux de 1-5 cm, terminés par des bourgeons triangulaires qui produisent au printemps une rosette de 4-6 feuilles. Ils sont intéressants car selon l'afflux séveux dont ils bénéficient, ils pourront se transformer dans les 1 ou 2 ans qui suivent en boutons à fleurs, en petite pousse feuillée ou bien reformer des dards.
Mécanisme de la taille trigemme
Suivez cet exemple pour comprendre le mécanisme de la taille trigemme :
- Au printemps qui suit la taille trigemme, le bourgeon situé juste sous la coupe produit un nouveau rameau tandis que les 2 autres (parfois 1 seul) forment une rosette de feuilles et grossissent.
- L’hiver suivant, les 2 rosettes cèdent leur place à 2 boutons triangulaires ridés à leur base, les dards. Faites une coupe près du 1er bourgeon du rameau à bois, laissant ainsi 2 dards et 1 œil sur l'ensemble de la coursonne. Attention, si 1 seul dard s’est formé et se retrouve en position terminale, taillez plus long le rameau à bois afin de réduire son apport en sève. En effet, le dard risque d'évoluer en rameau au lieu de se transformer en bouton floral l’année suivante.
- Le 3e hiver, réalisez une coupe juste au-dessus du 1er bourgeon à fleurs qui produira des poires cette année et les suivantes. L'idée est donc de ne laisser que 3 des éléments suivants sur un rameau ou une coursonne et le plus près possible de la charpentière :
- les yeux en bois en latents (endormis) ;
- des dards (susceptibles de se transformer en boutons ou en yeux à bois un an plus tard) ;
- des boutons floraux, des lambourdes ou des brindilles couronnées (les brindilles couronnées trop longues sont rabattues à 3 yeux pour éviter qu'elles ne cassent sous le poids du (des) fruit(s) ;
- une brindille simple susceptible d'évoluer en brindille couronnée.
Après quelques années de cette taille, les coursonnes constituées de brindilles très courtes peuvent présenter une quantité excessive de boutons. Il est alors nécessaire d'en supprimer pour limiter le nombre de poires. Pour cela, ébourgeonnez avec la main pour ne laisser que 2 boutons sur 4.
Conseil : sur les coursonnes présentant plus de 2 boutons (2 boutons + 1 brindille couronnée ou 1 dard + 2 boutons ou 1 dard + 1 bouton + 1 brindille couronnée...), laissez seulement 2 organes au lieu de 3.
D'autres artifices peuvent aider à diminuer la vigueur des rameaux pour qu'ils forment des boutons, comme l'inclinaison de branches, l'arcure de brindilles, une incision sous les boutons au printemps (crantage)...
Note : si vous craignez de faire des erreurs, sachez que le poirier est capable de produire des fruits sur des rameaux de tous âges. Le tout est d'éviter que l'arbre ne s'emballe en produisant de longs rameaux. La taille en vert vous permet de rectifier le tir !
3. Procédez à une taille en vert de votre poirier
La taille en vert est la taille d'été. Pratiquez-la de préférence en juillet
Commencez par éclaircir les poires après la chute naturelle de juin. À l’aide de ciseaux fins, laissez uniquement 10-15 fruits par mètre de charpentière, avec 1 ou 2 fruits par bouquets, en laissant toujours le plus gros.
- Sur une forme palissée, pincez à quelques millimètres d'une feuille :
- Gardez 5 à 7 feuilles sur les pousses de l'année sans fruits.
- Gardez 5 à 7 feuilles après le fruit sur les pousses fructifères.
- Retirez les rameaux inutiles qui font de l'ombre aux fruits.
- Sur une forme en gobelet ou de plein vent, avec un sécateur de force, agissez essentiellement sur les gourmands mal rabattus lors de la taille d'hiver. Ces derniers ont pu donner 2 pousses vigoureuses, une verticale, une en oblique :
- Faites une coupe à ras des plus vigoureuses et très verticales qui se développent au départ des branches principales.
- Conservez celles qui sont inclinées mais coupez-les après 8 yeux (8 feuilles) pour ne pas leur donner trop de vigueur (le dernier œil caché à l’aisselle d’une feuille, tourné vers l’extérieur).
Note : si vous faites une coupe plus courte, les boutons de la base redonnent du bois au lieu de se transformer en lambourdes ou en dards.
4. Procédez à une taille longue des branches fruitières de votre poirier en gobelet ou en axe libre
La taille longue, qui consiste à laisser s'allonger les charpentières d'un gobelet ou les axes horizontaux ou inclinés d'un axe libre, est comparable à ce qui se pratique pour le pommier. Cependant elle ne peut s'effectuer que sur des variétés à tendance pleureuse comme le poirier Williams.
Les fruits placés en extrémité de rameaux forcent la branche à s'arquer sous le poids et provoquent l'apparition de boutons le long de la branche.
- Si vous constatez qu'une branche ne porte plus de boutons, pratiquez son renouvellement au profit d'un rameau situé plus haut que l'arcure, en coupant juste après.
- Nettoyez la zone de la branche située près du tronc de façon à former un puits de lumière le long de l'axe du gobelet.
Note : la méthode Lespinasse détaillée dans la fiche pratique comment tailler un pommier pourrait a priori s'appliquer à la conduite d'un poirier à port pleureur.
En conclusion
- Les poiriers (comme les pommiers) sont des arbres fruitiers ayant besoin d’être taillés pour une production de poires plus importante.
- Tailler ces arbres fruitiers permet aussi de maîtriser la hauteur pour mieux accéder aux poires.
- La meilleure période pour tailler les fruitiers est l’hiver pour obtenir plus de poires quelques mois plus tard.
- Il n’est pas nécessaire de tailler ces arbres fruitiers au cours des premières années.