Taille des palmiers

Sommaire

Selon les espèces d'arbres, la méthode pour élaguer est déterminante que ce soit pour la forme de l'arbre, sa santé ou pour répondre à la réglementation d'élagage. La taille des palmiers diffère de la taille des feuillus, des résineux ou de la taille des arbres fruitiers.

Rappels anatomiques pour une taille des palmiers appropriée

Les palmiers sont des plantes qui ne contiennent pas de bois dans la structure de leur « tige » appelée « stipe » ou « fût ». Ce ne sont pas à proprement parler des arbres. Cela ne les empêche pas d'atteindre parfois des tailles impressionnantes (60 m pour le Ceroxylon quindiuense).

Chez les palmiers, le stipe est le plus souvent unique comme chez le Trachycarpus, ou le Washingtonia. Toutefois, certaines variétés forment plusieurs troncs comme le palmier dattier (Phœnix dactilifera) ou le palmier nain (Chamaerops humilis).

Taille des palmiers : caractéristiques du stipe

Le pétiole est la tige qui porte la palme. Le stipe est la partie du tronc qui va du sol jusqu'aux premières branches :

  • Il est constitué de l'empilement de la base des feuilles. Celles-ci naissent au centre de la touffe à partir d'un unique bourgeon situé au sommet du stipe.
  • Lorsque sa base est établie, son diamètre ne grossit plus, c'est pourquoi il n'est pas rare d'observer des diamètres variables tout le long du stipe en fonction de la quantité d'eau tombée annuellement ou d'une baisse des réserves dues à une taille trop sévère.
  • Le stipe n'a pas de branches même s'il arrive qu'il se divise en deux.
  • Le palmier n'est pas capable de recouvrir ses plaies comme le font les arbres. Une blessure du stipe est donc irrémédiable.

Taille des palmiers : caractéristiques des feuilles

Les feuilles adultes sont soit en éventail (feuilles palmées), soit en arêtes de poisson (feuilles pennées). Le Caryota que l'on rencontre parfois dans les serres tropicales fait exception avec son feuillage très divisé (feuilles bipennées).

La couleur des feuilles est particulière chez certains palmiers comme le Brahea armata à feuilles palmées et le Butia capitata à feuilles pennées. Tous deux ont des feuilles gris bleuâtre qui permettent de les identifier facilement lorsque vous parcourez le sud de la France.

Chez certaines espèces comme les Washingtonias, les palmes les plus âgées restent pendues au tronc alors que chez d'autres, elles se détachent rapidement. L'élagage est alors conseillé pour éviter une chute inopinée. La présence d'épines sur le pétiole des palmes rend leur chute d'autant plus dangereuse, comme chez le phœnix des Canaries.

Taille des palmiers : plusieurs espèces

En Europe, seulement deux espèces de palmiers poussent à l'état naturel :

  • le Chamaerop humilis (palmier nain), sur le pourtour méditerranée ;
  • le Phœnix theophrastii endémique de la Crête.

D'autres espèces ont été implantées et s'y développent facilement :

  • le Trachycarpus fortunei (palmier de Chine) ;
  • le Phœnix canariensis, emblème de la Riviera ;
  • le Washingtonia filifera>, etc.

Voici les principales espèces en image avec leurs caractéristiques :

TAILLE DES PALMIERS : LES VARIÉTÉS
Phœnix canariensis
  • Stipe (fût) :
    • de couleur marron-gris pouvant atteindre plus de 20 mètres de hauteur et 60 cm de diamètre ;
    • recouvert de sortes de grosses écailles formées par la base cassée ou coupée des anciennes palmes.
  • Couronne :
    • composée de plus de 150 palmes pennées, de plus de 5 mètres de long, avec des pinnules étroites en forme de V, assez rigides et très pointues ;
    • le pétiole, de 50 cm à plus d'un mètre de longueur, est couvert d'épines très agressives sur les côtés.
Washingtonia filifera
  • Stipe (fût) :
    • massif, pouvant atteindre jusqu'à 18 mètres de hauteur et 1,20 m de diamètre, crevassé et de couleur marron ;
    • les palmes desséchées restent longtemps accrochées au stipe, formant un « jupon » typique de l'espèce.
  • Couronne :
    • composée d'une trentaine de grandes palmes, presque rondes, de couleur vert brillant qui donnent à la couronne un aspect plissé ;
    • le pétiole, de 1,50 m à 2 m de longueur, est vert, bordé de petites dents orange moins nombreuses et moins dangereuses que sur le Washingtonia robusta.
Washingtonia robusta
  • Stipe (fût):
    • plus élancé et plus fin que celui du Washingtonia filifera ;
    • jusqu'à 22 mètres de hauteur et 80 cm de diamètre ;
    • crevassé et de couleur marron ;
    • les palmes desséchées restent longtemps accrochées au stipe, formant un « jupon », typique de l'espèce.
  • Couronne :
    • environ 25 palmes, presque rondes, très grandes, de couleur vert brillant ;
    • le pétiole, de 1,50 m de longueur, est rouge-marron à la base, vert à l'extrémité, et bordé de fortes dents oranges plus nombreuses et plus dangereuses que celles du Washingtonia filifera.

Principes de taille des palmiers : pas nécessaire en soi

La règle de base est que les palmiers n'ont pas besoin de taille. Chez les essences où les palmes sèches perdurent, le « jupon » ajoute même une protection supplémentaire contre le froid et contre la pourriture rose (Gliocladium wermœseni) notamment en climat froid et humide.

Pour plus de sécurité, le Phœnix, le Jubaea, le Butia et le Washingtonia ont davantage besoin d'être taillés du fait de leurs épines acérées et du poids des palmes en cas de chute sur une personne ou un véhicule. Les autres espèces ne produisent que de petites palmes ne présentant pas vraiment de danger.

Quelle que soit son espèce, la taille du palmier doit se faire en été ou avant l'été en raison de sa sensibilité au froid, tous les 2-3 ans. Elle est alors d'ordre esthétique ou culturel.

Techniques de taille des palmiers : tronc et palmes

La taille des palmiers doit se limiter à l'élimination :

  • des feuilles sèches ;
  • des palmes retombantes si nécessaire ;
  • et des fructifications.

Une coupe au niveau du stipe est presque toujours mortelle pour l'arbre car l'on risque de supprimer le bourgeon terminal ainsi qu'une bonne partie des réserves du palmier. C'est aussi une porte d'entrée pour les parasites.

Taille en ananas : la taille de palmier la plus répandue

La taille en ananas consiste à couper les palmes suffisamment loin du tronc pour que se forme un bourrelet protecteur :

  • elle permet d'offrir une protection au froid à la base de la couronne ;
  • elle conserve les réserves du palmier stockées dans la base des pétioles ;
  • elle soutient les premières feuilles de la couronne.

L'idéal est d'attendre que les palmes sèchent pour les couper. Cependant, il arrive souvent que des palmiers comme le Phœnix des Canaries ou le Coco de Chili encombrent le passage lorsqu'ils mesurent 2 à 3 m de haut. On est alors tenté de supprimer les palmes du bas encore vertes pour remonter la couronne. Veillez dans ce cas à conserver une base élargie du stipe sous les feuilles.

Par ailleurs, une autre solution, également conseillée lors de la plantation d'un gros palmier pour limiter son stress, consiste à relever les palmes et à les attacher le temps que de nouvelles feuilles pointent.

Taille en marguerite des palmiers : une taille rare et risquée

La taille en marguerite consiste à couper les palmes au ras du tronc jusqu'au panache touffu bien vertical :

  • on peut éventuellement laisser quelques départs de palmes pour structurer le départ de la couronne en les taillant en pointe (effet esthétique supplémentaire) ;
  • agressive, cette taille est à réserver aux arbres adultes situés en zones chaudes, et encore !

Il est préférable de s'abstenir d'opérer cette taille chez nous car elle met à nu des tissus vivants qui offrent une porte d'entrée idéale aux parasites très virulents qui sévissent actuellement dans le sud de la France : le papillon Paysandisia archon et le charançon rouge du palmier (Rhynchophorus ferrugineus). On la trouve pratiquée dans les régions de Nice et de Menton.

D'autre part, elle a pour effet de supprimer les réserves d'amidon contenues dans la base des pétioles des feuilles tombées. Il suffit d'un hiver un peu plus froid où le palmier perd ses palmes pour l'achever car le bourgeon central épargné par le gel est alors incapable d'émettre de nouvelles palmes.

Palmier : taille du fût (stipe)

Il est parfois utile de tailler le tronc du palmier une fois que la base des pétioles s'est asséchée :

  • pour des raisons esthétiques : le stipe peut être nettoyé des rejets et des pétioles secs ;
  • pour protéger le palmier :
    • un tronc irrégulier présente une multitude d'anfractuosités qui amassent l'humidité, les graines et les débris qui peuvent héberger des colonies d'insectes plus ou moins désirables ainsi que des rats et autres rongeurs ;
    • un tronc lisse est plus sain mais il empêche aussi la pousse de petites plantes sur le tronc source de biodiversité.

Le nettoyage du tronc consiste à lisser sa surface en laissant ou non un départ en ananas de la couronne :

  • il se fait à la tronçonneuse d'élagage en prenant garde à ne pas pénétrer dans le tronc avec la chaîne ce qui provoquerait des blessures à l'arbre ;
  • il commence par le bas du stipe en remontant vers la couronne.

Cette taille demande un savoir-faire d'un grimpeur-élagueur et des outils adaptés (les griffes sont à éviter au profit de bicyclettes type Baumvelo ou d'autogrimpeurs type Écureuil) afin de ne pas endommager l'arbre. La tronçonneuse s'émousse vite en raison de la silice contenue dans les palmes. Parmi le matériel d'élagage, on utilise aussi les couteaux, haches, ciseaux ou scies.

Aussi dans la rubrique :

Taille des palmiers

Sommaire

Ces pros peuvent vous aider